« Bon, les gars, j’ai cinq minutes pour vous faire le topo avant l’arrivée…
- Je déteste cette tenue. Vraiment, quelle idée de porter du bleu marine, bordel ? Pourquoi pas du rose bonbon, tant qu’à faire office de cible facile, autant avoir l’air ridicule en plus…
- Y a déjà deux unités de cinq gardes chacune en place. Plus les trois gardes du secteur…
- En plus, bonjour la transpiration…heureusement que je suis pas trop concerné sur ce plan-là, mais bordel, le sergent, j’le plains…les auréoles sous les bras, dans le genre classe, y a mieux…
- Mais ça barde pas mal. Apparemment, nos hommes se font canarder…
- Et c’est quoi ce camion ? La banque est à peine à 10 minutes à pied du QG…
- Y en a plusieurs d’isolés, 2 à terre qu’on peut pas récupérer, et un mort…
- Sérieux, pour si peu, on pouvait le faire à pied…bonjour la pollution et la perte de temps inutile…
- GARDE STEEL, SI VOUS AVEZ QUELQUE CHOSE A DIRE, FAITES EN PROFITER L’UNITE OU FERMEZ-LA, BORDEL DE MERDE !!!
- Oops…désolé. J’marmonnais ? »
Une retenue de salaire et un sermon plus tard, l’unité 53, composée de quatre gardes sous le commandement du sergent Rosen descendirent du camion au pas de charge, pour rejoindre, comme un seul homme, le 19 de l’avenue, la banque Brikx…ou presque.
« …ben…y a rien, ici ?
- STEEL, BORDEL DE DIEU, A COUVERT !!!
- Hein ? Oula… »
L’interpellé se retourna est observa la scène : le 16 de l’avenue était encerclé par des véhicules, entiers ou en carcasses. A une des fenêtres dépassait un canon long de mitraillette lourde de type Gatling…qui se tourna dans la direction du jeune garde au beau milieu de l’avenue, à découvert. Celui-ci eut heureusement la présence d’esprit de se mettre à couvert derrière le fourgon qui avait amené son unité, juste à temps pour entendre le crépitement des balles pleuvoir sur la carosserie du véhicule.
« Eh ben ! Ils font pas dans la dentelle…
- CA VOUS ARRIVE DE LIRE VOS ORDRES DE MISSION ? C’EST AU 16, QUE CA SE PASSE, AU 16 !!! ET OU EST VOTRE FOUTU CASQUE ?!?
- Pas la peine de crier…le 6 et le 9, j’ai toujours eu un peu d’mal avec…pour ça que j’ai fait pendant un bout de temps des cartons à 6 points au lieu du maximum, durant…
- RIEN A FOUTTRE ! STEEL, VOUS ALLEZ PRENDRE POSITION AVEC LE RESTE A LA PROCHAINE ACCALMIE !!!
- …euh…non. »
La réponse du sergent fut totalement inaudible, couverte par une explosion. Le garde risqua un coup d’œil vers la banque.
« Ah, j’me disais aussi, y avait bien une histoire de bazooka, dans vot’ message, chef… »
Sans attendre la suite de la diarrhée d’insulte que son chef semblait avoir à son égard, le garde ouvrit le canon de son arme et glissa dans celui-ci une balle.
« C’est parti… »
Sortant de la zone de couverture fournie par le camion, Zephyr regarda la banque un instant avant d’épauler son fusil. L’un des bandits au premier étage n’eut même pas le temps d’aligner le garde à découvert qu’il recevait une balle dans le bras. Aussitôt, le jeune homme rejoignit les carcasses de voitures, parvenant à couvert au moment où les tirs pleuvaient. La nouvelle ouverture du canon provoqua l’expulsion de la douille, tandis que sans perdre de temps, il insérait une nouvelle balle dans celui-ci. Le crépitement des balles contre les tôles des voitures ne s’arrêtant pas, Zephyr se contenta de donner un magistral coup de crosse de carabine dans le rétroviseur le plus proche, afin de le décrocher de la voiture.
« Bon…alors, combien ils sont, les fous… »
Se servant du miroir pour regarder le bâtiment, Zephyr détailla davantage la scène, qui ressemblait finalement plus à un champ de bataille qu’autre chose : ça et là, les soldats Shinra étaient disséminés, la plupart à couvert, d’autres inertes au beau milieu de la rue. Le seul point commun entre tous était évidemment le fait que tous étaient, tout comme lui, copieusement arrosé par ceux occupant la banque.
« Nom de…c’est quoi ce truc ? »
Ce « truc » qui avait tant surpris Zephyr, c’était la personne occupant le cadre de la porte. Littéralement : un véritable géant, tant en hauteur qu’en largeur. Un bazooka dans une main, une mitrailleuse lourde dans l’autre, le monstre semblait en prime insensible aux balles de ses collègues. Et pour cause : il était couvert de la tête au pied par un alliage à l’apparence métallique. Seul les yeux semblaient protégés par une vitre insensible au balle…du plexiglas renforcé. Même les grenades semblaient inefficaces. Il put même voir un de ses hommes lui apporter de quoi recharger ses deux armes…
« Mouais…lui, il pourrait porter un panneau « Boss » au-dessus de la tête, on pourrait le croire tout juste sorti d’un vieux RPG, bordel…
Bon…va falloir s’y mettre avant qu’il transforme les bagnoles en dentelle. »
Zephyr savait déjà quoi faire. Inutile de sortir de sa planque. Il attendrait patiemment que celui qui semblait s’éclater à cribler de balle sa planque cesse le feu et…
L’explosion qui suivit sa réflexion assourdit de nouveau tous les gardes aux alentours. La voiture derrière laquelle le jeune garde se planquait venait d’être un instant le centre d’attention du titan, qui avait tiré avec son lance-roquette en plein dans le mille, incendiant la voiture. Mais presque aussitôt, une détonation sèche brisa à son tour le silence qui s’était instauré. Une des mitrailleuses postée à l’étage se tut aussitôt…
Le colosse put alors voir, non sans surprise un homme se redresser par-delà les flammes couvrant la voiture. Un jeune garde sans casque, aux cheveux blancs tâchés de rouge. Un trouffion de la Shinra aux lunettes dont un verre était brisé. Le défiant fièrement du regard…
Avant de lui tirer la langue, un doigt dans l’œil.
« Apprends à viser, pauvre tâche ! »
Zéphyr se remit aussitôt à couvert derrière la carcasse en flammes, les balles pleuvant en rafales.
« Voilà, j’ai toute son attention, maintenant… »
Zéphyr continuait de fanfaronner distraitement, mais la situation était peu enviable. Canardé à tout va, il pouvait difficilement trouver un angle de tir. Certes, les autres gardes étaient un peu plus tranquilles sans les tirs du colosse, mais ils ne pouvaient toujours rien faire. De plus, l’explosion ne l’avait pas laissé indemne : non seulement son front était assez largement ouvert, mais en prime, un bout de tôle avait eu la bonne idée de venir se ficher dans sa jambe, limitant d’autant ses déplacements. Il fallait un terme au conflit, et rapidement. Et pas question de fuir le combat. Pas par héroïsme, mais il comptait bien sur ce boulot pour avoir une petite prime de risque, histoire de pouvoir inviter au resto la fille mignonne du bar.
C’est avec cette idée en tête que Zephyr longea la carcasse mitraillée. Après avoir rechargé, il regarda de nouveau avec le rétroviseur (en piètre état la situation). Et son timing fut parfait : l’acolyte du géant arrivait à ses côtés, apportant une nouvelle roquette à son chef.
La roquette n’eut heureusement pas le temps d’être chargée. Malgré le tir continu de son assaillant, Zéphyr posa le canon de sa carabine sur ce qui fut le coffre de la voiture en flamme et tira. Non pour viser l’un ou l’autre. Non. Juste pour dégommer la roquette.
Et il fit mouche. L’explosion souffla l’entrée de la banque. Lorsque la fumée retomba, la porte était partiellement en ruine. Mais malgré cela, le colosse restait au milieu de celle-ci, un genou à terre. Il se releva lentement.
Zéphyr avançait maintenant à découvert. Les autres tireurs aux fenêtres avaient cessé le feu lors de l’explosion de la porte principale. Plusieurs avaient été descendus par les autres gardes qui voyaient dans ce répit la chance de reprendre l’avantage. Zéphyr ouvrit d’un mouvement sec le canon de son arme sortant de sa poche une balle à la pointe vrillée, et plus longue que la normale.
« Balle de match. »
Alors que le colosse s’était relevé et que le canon de sa gatling commençait déjà à tourner sans encore cracher ses munitions, Zéphyr épaula et tira. La détonation fut encore plus sonore que les précédentes et l’épaule du jeune garde encaissa un recul plus important…
Les canons multiples de la mitrailleuse lourde ralentirent alors que le colosse relâchait la pression sur la gâchette. L’armure avait été endommagée par l’explosion, particulièrement au niveau de la visière…le dernier tir avait suffi à briser celle-ci en morceaux, et à faire bien plus : la balle avait résonné de manière sinistre contre le métal du casque…à l’arrière de la nuque du géant…
« Jeu…set… »
Ouvrant le canon de son arme pour une dernière fois, Zephyr retira la longue douille de celui-ci, avant de la jeter devant lui.
« Et mAaaaAAaaatchaïe ! »
Le jeune homme s’apprêtait à faire une reprise de volée dans la douille vide…mais son numéro fut brutalement interrompu par une vive douleur à la jambe, qui le fit tomber sur le dos.
« Aïe…bordel, pour une fois que j’avais la claaaasse… »